C’est une question qui revient sans cesse, même lors de mon dernier live sur Instagram. Par la suite, j'ai vu une vidéo d’une pseudo-voyante sur TikTok qui prédisait la mort avec vindicte, et là, j'ai dit stop : je dois prendre la parole une bonne fois pour toutes sur ce sujet.
Évidemment, dans l’intérêt commun, tout le monde dirait : NON, nous ne devons pas prédire la mort. Quelle question morbide ! Qui irait voir un voyant pour prédire sa propre mort ou celle de quelqu’un d’autre ? Malheureusement ça arrive bien plus que ce qu’on imagine !
Les prédictions de mort dans l’Histoire :
Historiquement, la prédiction de la mort a toujours eu une place particulière dans les croyances populaires. Dans les sociétés anciennes, les oracles, chamans, et voyants étaient consultés non seulement pour prédire l'issue de batailles ou le succès d'une récolte, mais aussi pour annoncer des événements tragiques, y compris la mort. Ces prédictions étaient souvent entourées de rituels spécifiques et étaient prises très au sérieux, car elles influençaient les décisions des dirigeants et des individus. On ne peut que penser à Catherine de Médicis, dont Nostradamus avait prédit la mort de Henri II, ce qui l’amena chercher par tous les moyens de le protéger lui et ses enfants et a promus Nostradamus comme conseiller du roi.
À une certaine époque, lorsque les femmes étaient mariées par convenance, souvent à des hommes d’un certain âge et statut social, sans amour, elles se retrouvaient prisonnières et n’attendaient qu’une chose, devenir veuve et héritière pour retrouver un semblant de liberté. Il n’était donc pas rare qu’elles cherchassent à savoir quand le glas funèbre allait sonner.
Dans certains cas, la prédiction de la mort était perçue comme une forme d'anticipation qui permettait de se préparer à l'inévitable, de mettre de l'ordre dans ses affaires, ou de chercher des moyens de changer son destin. Cependant, ces pratiques ont également semé la peur et la superstition.
Est-ce éthique ?
D'un point de vue éthique, prédire la mort soulève de nombreuses questions. La prédiction de la mort peut avoir des conséquences psychologiques graves sur la personne à qui elle est adressée. Elle peut induire une anxiété extrême, un stress intense, et dans certains cas, accélérer des maladies psychosomatiques. Encore récemment, combien de personnes tombent dans le panneau de mails et appels téléphoniques indésirables de sociétés de voyance par téléphone peu scrupuleuses, où de praticiens malintentionnés qui harponnent les consultants avec des phrases grossières du type : « quelque chose de grave va vous arriver / j’ai vu quelque chose sur vous, rappelez-moi ». Créer l’angoisse pour se faire passer pour le sauveur est une technique courante chez les escrocs.
La question éthique et morale est celle du respect de l'autonomie et de la dignité humaine. Prédire la mort peut être perçu comme un acte qui prive la personne de son libre arbitre, en imposant une vision inéluctable de son avenir, c’est être un dominateur et non un accompagnateur. Cela pose également la question de la responsabilité du voyant : que faire si la prédiction s’avère fausse ? Et si elle s’avère exacte, quel en est le véritable bénéfice pour la personne ? Et pour ce qui est de la question épistémique, imaginons que la prédiction s’avère juste, avoir raison pour de mauvaises raisons, ne fait pas de la prédiction une véritable prédiction mais peut impliquer le hasard ou la logique.
Qu’en est-il de la législation ?
Les pratiques de prédiction de la mort ont été largement encadrées par la loi, notamment en France. Après des incidents médiatiques où des voyants ont prédit en direct la mort de personnes à la radio, la législation s'est durcie. Aujourd'hui, il est strictement interdit de prédire la mort d'un individu, que ce soit en consultation privée ou en public.
Cette interdiction vise à protéger les consultants des abus potentiels et des charlatans. Elle reconnaît également que les voyants ne sont pas omniscients et que la prédiction de la mort n'apporte généralement rien de bénéfique à celui qui la reçoit à part lui provoquer différents biais cognitifs comme celui de la prophétie autoréalisatrice qui peut l’amener à une forme de défaitisme et donc abandonner toutes luttes de survies, de médications et protections et donc potentiellement le mettre en danger.
Le consentement éclairé : une notion fondamentale
Le consentement éclairé est un principe central en éthique, particulièrement dans les domaines médicaux, psychologiques, et spirituels. Il signifie qu'une personne doit être pleinement informée des implications, des risques, et des conséquences potentielles de ce qui va lui être dit ou fait, avant de donner son accord. Ce principe est crucial pour garantir que les individus prennent des décisions en toute connaissance de cause, respectant ainsi leur autonomie et leur dignité.
En voyance, prédire la mort d’une personne, même si celle-ci en fait la demande, pose un sérieux problème de consentement éclairé. Pour qu’une personne puisse consentir en toute connaissance de cause à recevoir ce type d’information, elle doit être pleinement consciente des impacts psychologiques et émotionnels que cela peut engendrer.
Compréhension des implications : avant de prédire un événement aussi lourd de conséquences que la mort, le voyant doit s'assurer que le consultant comprend bien ce que cela implique. Cela comprend les répercussions émotionnelles, les éventuels sentiments d'angoisse ou de désespoir, et le risque de se sentir piégé par une prédiction inéluctable (ce qui est antithétique avec les principes de la voyance comprenant le futur potentiel et le formel, sachant que la valeur prédictive est déterminée par la potentialité).
Libre choix : le consentement éclairé nécessite que la personne soit libre de refuser ou d'accepter l’information sans pression ni influence. Cependant, la dynamique entre un voyant et un consultant peut parfois créer une forme de dépendance ou d’attente de la part du consultant, ce qui complique la notion de consentement véritablement libre.
Capacité de refus : même si le consultant exprime initialement le souhait de connaître une telle prédiction, le voyant doit évaluer si cette demande est réellement basée sur un désir informé ou s'il s'agit d'une curiosité dangereuse ou d'une impulsion émotionnelle. Le voyant a la responsabilité éthique de refuser de communiquer une telle information si cela va à l’encontre du bien-être du consultant, même si ce dernier semble y consentir.
Le voyant a donc une responsabilité éthique majeure : celle de protéger son client, même contre lui-même. La prédiction de la mort peut avoir des conséquences profondes et potentiellement destructrices. Même avec un consentement éclairé, cela ne justifie pas nécessairement de divulguer une information si lourde.
Au-delà du consentement, la pratique de la voyance doit être guidée par une éthique de bienveillance et de protection du client selon les normes déontologiques. L'idée est de se demander non seulement si le client consent, mais aussi si ce consentement est véritablement éclairé et si l'information donnée est dans son intérêt. En fin de compte, le rôle d’un voyant est de guider, de conseiller et d’éclairer les questions de vie de son client, non de le plonger dans la peur ou le désespoir ou des prédictions à caractères immuables.
En conclusion, prédire la mort est non seulement une pratique dangereuse et éthiquement discutable, mais elle est aussi illégale dans de nombreux pays. Il est important de comprendre que le rôle d'un voyant, d'un médium ou d'un conseiller spirituel est avant tout d'aider, de guider et d'accompagner les personnes dans leur vie quotidienne, de manière positive et constructive. Au lieu de se concentrer sur des aspects négatifs et inévitables comme la mort, les praticiens devraient encourager leurs clients à vivre pleinement et à trouver des réponses aux questions qui peuvent vraiment améliorer leur vie.
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